L’économie collaborative, véritable phénomène de société a profondément bouleversé nos habitudes et façons de consommer. Elle s’intègre de façon grandissante au sein de nombreux secteurs, ainsi des dizaines de start-ups et plateformes liées à l’économie collaborative voient le jour chaque mois. Celle-ci séduit de plus en plus d’adeptes. En effet, lors d’une étude menée en 2015, déjà près d’un français sur deux se déclarait utilisateur régulier d’au moins une plateforme d’économie collaborative, preuve d’une croissance exceptionnelle et exponentielle du phénomène dans notre pays.
L’industrie du bâtiment n’est pas en reste et commence à voir émerger ses premières plateformes et fonctionnements collaboratifs. Boostée par une très légère reprise au premier semestre 2016 notamment grâce à l’augmentation des chantiers de rénovation et de construction, l’industrie du bâtiment pourrait voir bouleversées son identité et son organisation à travers cette nouvelle révolution économique et sociétale.
L’économie collaborative pourrait-elle bel et bien sonner l’heure d’une reprise solide et durable pour le bâtiment français ou au contraire fragiliser davantage le milieu?
De nombreuses plateformes au service des particuliers et des entreprises
Une grande partie du succès de l’économie collaborative réside dans sa simplicité d’utilisation et son attractivité financière. Ces formules avantagent aussi bien pour les personnes mettant à disposition leurs biens ou leurs services, que les bénéficiaires.
Assez frileux quant au changement et évolution de ses pratiques, le milieu du bâtiment peine à se sortir de la crise économique et à retrouver une croissance durable
Néanmoins, certains secteurs en crise ont su trouver un nouveau souffle à travers l’économie collaborative, à l’instar du secteur agricole, pionnier en matière de partage et de mutualisation du matériel et du savoir-faire.
A travers les différentes crises connues par le milieu au cours de ces dernières années, pénalisant très fortement les revenus des exploitants, les plateformes d’économie collaborative ont offert aux agriculteurs une opportunité d’optimiser leurs investissements en matériel sous-utilisé. Celles-ci leur permettent de générer un revenu complémentaire en louant leurs machines et leurs outils à d’autres agriculteurs. Ces plateformes viennent complémenter les modèles agricoles historiques d’entraide et de Coopérative d’Utilisation du Matériel Agricole (CUMA) où les agriculteurs faisaient l’acquisition de matériel en commun.
Les exemples de secteurs ayant pleinement bénéficié de l’économie collaborative sont nombreux : le logement (Airbnb, Abritel…), le transport (Blablacar, Uber, Heetch…), le financement de projets (Ulule, KissKiss BankBank…) et bien d’autres.
Inspirés par ce phénomène, les premiers sites et plateformes collaboratives liés au bâtiment ont récemment vus le jour et connaissent un démarrage très intéressant, prouvant ainsi le réel potentiel de marché existant pour le secteur.
Trouver des professionnels près de chez soi
Exemple de ce développement récent, le site SuperMano propose de trouver un bricoleur près de chez soi pour réaliser ses petits travaux de plomberie, électricité, peinture etc. Avantage du site : il permet de trouver rapidement et facilement un bricoleur disponible, au meilleur prix sans avoir à attendre plusieurs jours avant d’obtenir un rendez-vous. Une aubaine pour les particuliers mais aussi pour les « bricoleurs » du site, leur permettant de générer un revenu intéressant et d’obtenir des travaux à effectuer régulièrement.
Les échanges de services et de compétences ne sont pas les seuls concernés par l’économie collaborative, en effet l’échange de biens tend également à se démocratiser. Principaux bénéficiaires de ce phénomène, les particuliers y trouvent là encore une formule économique et simple. Le site BricoLib permet par exemple notamment aux particuliers de proposer à la location leur petit matériel de bricolage ou jardinage en ligne pour arrondir leurs fins de mois.
L’économie collaborative : louer du matériel de travaux publics
Toutefois, les entreprises du BTP ne sont pas en reste. Des sites spécialisés dans le matériel de TP et de construction comme MachineryZone permettent désormais aux entreprises de louer leur matériel de travaux publics, matériel de manutention ou du matériel transport afin d’en amortir les investissements souvent très conséquents. Bien que le système soit récent, il est fort à parier qu’il séduise très rapidement de nombreuses entreprises notamment dans un contexte économique toujours très délicat et incertain.
Pour plus d’informations, cliquez sur le lien suivant : https://www.machineryzone.fr/
Ces systèmes de location de matériel semblent être particulièrement adaptés aux besoins du secteur, dont l’activité est souvent très variable. La location peut ainsi permettre de renforcer une flotte de matériel TP pour des chantiers importants ou au contraire de louer ses engins inutilisés en période creuse à d’autres entreprises ou à des particuliers pour réaliser leurs travaux d’aménagement.
Opportunités et limites de l’économie collaborative pour le milieu du bâtiment
Encore très nouvelle, l’impact de l’économie collaborative sur le milieu du bâtiment est pour le moment presque négligeable et n’influence pas dans un sens ni dans l’autre l’activité du secteur.
Un meilleur choix pour les particuliers
Néanmoins au regard des plateformes existantes, les principaux bénéficiaires de l’avènement de la « Sharing Economy » dans le secteur pourraient être les particuliers. En effet, à travers ces plateformes, l’offre globale du bâtiment semble se densifier, offrant davantage de choix et d’opportunités aux particuliers. L’argument pécuniaire restant un des principaux facteurs de décisions pour la plupart des clients, l’émergence de ces plateformes proposant des prix plus bas que ceux offerts par les professionnels du bâtiment pourrait très fortement pénaliser ces derniers et tendre vers une réduction significative de leur activité et de leur chiffre d’affaires dans les prochaines années si le phénomène poursuit son développement.
L’économie collaborative remise en cause par les Pouvoirs Publics
Récemment, les pouvoirs publics ont commencé à se saisir des questions de concurrence déloyale et d’entente illicite posées par l’économie collaboratives et ses plateformes. Le phénomène et ses flux sont tels, qu’il est à l’heure actuelle bien difficile de les contrôler et de les encadrer.
La jurisprudence récente et notamment le cas Uber ont montré qu’un secteur pouvait se retrouver totalement fragilisé et fortement pénalisé si des normes légales et fiscales n’étaient pas fixées et appliquées. C’est notamment ce que beaucoup du professionnels redoutent, l’attractivité du marché des échanges de services dans le bâtiment étant déjà très forte, un développement risquerait encore davantage de renforcer l’économie parallèle, qui pénalise d’ores et déjà significativement les entreprises déclarées.
Afin de maitriser ces litiges, les plateformes d’économie collaborative soignent leur image et se montrent contrainte et forcée, de plus en plus ferme en termes d’encadrement autour de leurs annonces et leurs annonceurs. Sur Supermano par exemple, les processus de recrutement sont voulus stricts et sélectifs, ouverts aux autoentrepreneurs et entreprises unipersonnelles et pas simplement aux seuls particuliers. Les locations de matériel sont-elles encadrées par des contrats de location et conditions d’utilisations fermes, limitant le nombre de locations pour les particuliers afin d’éviter les abus, souvent pointés du doigt.
L’évolution de l’économie collaborative
Simple phénomène de mode ou réel tournant sociologique, l’avenir et l’expansion de l’économie collaborative sont encore difficiles à prévoir. Néanmoins, de nombreuses études tendent à montrer que son chiffre d’affaires ne devrait cesser d’augmenter durant les dix prochaines années et pourrait attendre 335 milliards d’euros pour le seul marché français d’ici 2025.
Bien que la première partie du cycle de développement de la « Sharing Economy » ait pratiquement exclusivement touché les particuliers, les spécialistes s’entendent à penser que la seconde phase du cycle devrait majoritairement bénéficier aux entreprises et faire évoluer les business-model actuels. A l’échelle du bâtiment, ceci pourrait se traduire par le développement de services « inter-entreprises », plus collaboratifs et la création de nouvelles plateformes spécialement dédiées aux entreprises. Les réalités économiques et législatives du marché fixeront ensuite très certainement la rapidité de l’arrivée de l’économie collaborative « 2.0 ».