Le stockage de déchets non-dangereux : un système prometteur pour l’environnement

Bien que le stockage soit le dernier maillon de la chaîne de gestion des déchets, cela ne fait pas de lui l’étape la moins complexe.

En effet, si ces lieux de stockages paraissent simples à gérer, ils sont en réalité de véritables installations industrielles nécessitant une certaine maîtrise et où les géosynthétiques ont un rôle primordial.

L’installation de stockage de déchets non-dangereux : un système fructueux, sécurisé mais difficile à mettre en place

La loi de transition énergétique pour la croissance verte du 17 août 2015 se donne comme objectif de « lutter contre les gaspillages et promouvoir l’économie circulaire », elle prévoit ainsi une réduction de 50% de la mise en décharge à l’horizon 2025, soit une réduction massive du nombre de sites d’enfouissement. Un objectif ambitieux puisque, à ce jour, près de 25% de nos déchets sont encore enfouis. Malgré une tendance à la baisse, les 200 installations de stockage de déchets non dangereux (ISDND) en France restent la solution de gestion drainant le plus de tonnages : en 2017, elles ont accueilli 14,5 millions de tonnes de déchets.

L’installation de stockage de déchets non dangereux est un système complexe qu’il est impératif de sécuriser pour l’environnement et les populations aux abords. Pour maximiser la sécurité, chaque ISDND est unique avec des mesures de conception et de construction strictes et est désignée en fonction de la typologie des sites géologiquement favorables. Le choix des matériaux et de ses caractéristiques intrinsèques sont soumis à une analyse poussée : résistance en traction, résistance aux déchirures, niveau de perméabilité… Tout l’enjeu du projet est de choisir les meilleurs matériaux, avant même la mise en place de dispositifs de valorisation.

Quelles sont les différentes étapes à réaliser avant de stocker les déchets ?

Une multitude d’étapes sont nécessaires pour réaliser une installation de stockage de déchets non dangereux. Une fois les études réalisées, la première étape de la création d’un « casier » consiste au terrassement. Des couches de terre, souvent de terres argileuses, sont réparties et compactées puis les géosynthétiques entrent en jeux. Ces solutions techniques permettent d’étanchéifier et de protéger les surfaces de façon optimale. Elles sont chimiquement neutres : il n’y a aucune interaction de transmission de particules d’un géosynthétique à la terre.

Quésaco ? Un géosynthétique est une nappe, le plus généralement en polymère, qui peut être soit une géomembrane pour l’étanchéité, soit un géotextile pour la filtration, la séparation des couches, ou pour la protection, ou encore un géocomposite pour le drainage des eaux d’infiltration, qui est l’assemblage de plusieurs géosynthétiques, avec une âme alvéolaire et un géotextile.

Une fois la préparation du sol terminée, un géotextile anti-poinçonnant est déposé dans le fond. Une géomembrane, le plus souvent en PEHD, est installée par-dessus. Les rouleaux de géomembrane sont doublement soudés entre eux afin d’obtenir l’étanchéité et une sécurité environnementale. Un système de drainage est ensuite mis en place par-dessus la géomembrane pour capter les lixiviats* en fond de site, avec une couche de cailloux puis un géotextile filtrant.

Après installation du dispositif d’étanchéité par géosynthétiques (DEG) et du système de captation de lixiviatopérationnel, le site est prêt à accueillir les déchets, apportés par camions pesés et enregistrés pour assurer leur traçabilité. Les déchets sont acheminés pendant plusieurs mois, voire années, le temps que la capacité de stockage soit atteinte.

La zone est couverte par un dispositif final de géosynthétiques, tout aussi technique, désigné et préparé en amont. La partie haute des déchets est modelée avec des engins afin d’effectuer un terrassement optimal puis des couches de terre sont disposées et compactées selon les pentes souhaitées. Un géotextile de protection et une géomembrane d’étanchéité sont posés. Un géocomposite de drainage est installé par-dessus, suivi d’une dernière couche de terre végétale. Ce dernier ensemble récupère une partie de l’eau de pluie pour l’évacuer, dans l’objectif de retenir la terre végétale et éviter l’érosion. Ces solutions, très techniques, apportent fiabilité, sécurité et sérénité.

Un système bénéfique pour la planète

Classées pour la protection de l’environnement, soumises à autorisation préfectorale, la règlementation des Installations de Stockage de Déchets Non Dangereux est de plus en plus stricte et travaille à ce que les déchets soient de moins en moins stockés, en faveur de la valorisation énergétique et du recyclage. Dans ce cadre, les ISDND ont évolué pour maitriser leurs impacts environnementaux. Toutes ces barrières de sécurité que sont les géosynthétiques préviennent les risques de pollution des eaux souterraines, des sols et de l’air. En post-exploitation, les casiers sont surveillés et les effluents gazeux traités pendant au moins 30 ans. Le biogaz ainsi capté est prioritairement dirigé vers un dispositif de valorisation ou d’élimination par combustion. Bien qu’artificiels, les ISDND, une fois végétalisés, sont propices au développement d’une nouvelle biodiversité avec fauchage tardif ou éco-pâturage, et mesures spécifiques en faveur de la faune locale. L’autre possibilité aussi exploité : les reconversions en parcs photovoltaïques.

Au-delà de l’objectif de réduction de l’élimination par stockage de moitié d’ici 2025, toute la problématique reste dans notre manière de vivre. Le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas ! Nous devons, tous, prendre conscience d’une nouvelle consommation bien plus responsable : seconde main, recyclage, récupération, réparation des appareils, etc.

*Lixiviats : liquides riches en matière organique ne devant pas souiller les sols et les nappes phréatiques